Une matinée riche en émotion...

La jeune centaure quitta la protection des grands arbres pour galoper vers le pied de chélidoine, traversant le terrain herbeux à toute allure, accompagné de sa compagne. La tigresse faisait des bonds de deux mètres, suivant aisément la jeune fille. Un léger vent frais soufflait, cela fit l'effet d'une bourrasque sur les traits fins de l'adolescente qui souriait, les dents découvertes.

Cela faisait une semaine qu'elle était resté enfermé chez elle, contrainte de s'occuper à relire les manuscrits sur les plantes qu'elle avait déjà lu et relu maintes fois, la pluie ne cessant de battre sur la majestueuse cité des prestiges. Kalixt, elle, n'avait pu quitter la demeure chaleureuse du père de Lelbie seulement durant son temps de chasse quotidien, indispensable pour son alimentation. La pluie n'étant pas sa tasse de thé, elle aurait nettement préféré rester peaufinée auprès de sa maîtresse à se prélasser toute la sainte journée, mais elle ne pouvait se permettre de sauter des repas, surtout pendant une période aussi longue. La viande n'étant pas un ingrédient primordial dans l'alimentation des centaure, Kal' devait souvent partir seul et quitter la ville par la voie des airs pour chasser.

Désormais, il faisait beau et chaud, et enfin, elle pouvait courir en compagnie de Lel' dans les prés humidifiés de rosée. Lelbie replia ses antérieurs pour tomber lourdement sur ses genoux robustes qui commençaient à s'habituer aux chocs que la jeune fille leurs faisait subir. Lorsque ceux-ci touchèrent le sol, elle tendit son bras droit en enfouissant sa main dans les ronces aiguisées pour saisir délicatement la plante de toutes ses convoitises. Comme à chaque fois, elle en ressortit griffée, les entailles dégoulinant de perles rouges qui se perdirent dans les hautes herbes. Lelbie poussa un gémissement plaintif, ses blessures la faisaient souffrir. Elle se pressa de prendre une compresse qu'elle trouvât dans sa petite besace de guérisseuse en peau de loutre que sa mère lui avait légué le jour de sa mort. Elle extirpa ensuite de son petit sac une fiole remplit d'un liquide rougeâtre qu'elle versa sur le coton. Lorsque l'opération fut terminée, elle le tapota légèrement sur sa main endolorie qui devint entièrement écarlate. Kal' s'approcha de sa maîtresse pour lui lécher la main, à la fois pour l'odeur qui lui semblait alléchante mais également pour soigner ses blessures à l'aide de la magie. La centaure regarda sa tigresse et lui caressa tendrement son oreille droite. Elle adorait ça!

_ Merci Kalixt, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, lui confia t-elle affectueusement.

Elle se releva avec la grâce d'une girafe et observa les alentours. Elle regarda à ses sabots et découvrit le pied de chélidoine étalé sur un petit amas de terre. Elle en avait presque oublié le but de sa "mission". Kal ayant comprit le malaise de sa maîtresse prit du bout des lèvres la fragile tige qu'elle confia avec toutes la délicatesse du monde à Lelbie. La chélidoine étant une fleure très rare dans la région, et c'était une chance pour Lelbie d'en trouver un pied. Elle prit la plante, l'enfouis dans sa besace et remercia sa besace et remercia sa tigresse à l'aide d'un sourire éblouissant. Tout à coup...

_ Bonjour.

Lelbie se mit à hurler, un long frisson la parcouru. Elle se retourna vivement ainsi que Kalixt qui avait griffes et crocs en dehors. Quand elle découvrit l'auteur de cette voix timide, elle soupira, soulagée.

_ Oh... bonjour Mandaraï, tu m'as fait peur, je ne t'ai pas entendu venir.

_Excuses moi de t'avoir effrayé.

Il regarda la main de la jeune fille qu'il aimait tant et apeuré, lui demanda:

_ Que t'est-il arrivé? tu t'es blessée?

Il la regarda avec des yeux écarquillés et lui prit la main qui n'était pas blessé. Lelbie lui sourit et se mit à rire. Elle était contente que quelqu'un se soucis un peu d'elle car mis à part Kalixt, les personnes ne l'appréciaient que pour sa beauté et non pour l'être qu'elle était, mis à part Mandaraï.

Mandaraï était l'un des servants du père de Lelbie et depuis qu'il avait été embauché chez lui, il n'avait eu d'yeux que pour elle, la fille de son maître. Lui, n'était qu'un simple valet et ne pourrait jamais être respecté comme un noble. Le seul moyen pour lui de voir Lelbie était de se rapprocher d'elle et de ... travailler pour elle, et ça, il ne l'aurait refusé pour rien au monde. Malheureusement pour lui, il avait tendance à être réservé ce qui l'empêchait de créer un lien avec la jeune fille, il se maudissait pour ça. Mais dés que l'occasion se présentait, il été prêt à intervenir pour sauver cette jeune damoiselle en détresse. C'était d'ailleurs le moment où jamais d'intervenir.

Il se rapprocha d'elle en un soubresaut et colla son torse contre sa poitrine. Lelbie le regarda gênée et se poussa légèrement en arrière. Il recula vivement honteux de son geste.

_ Ne t'en fait pas, je vais bien, je me suis égratignée dans les ronces mais Kalixt m'a soigné. Pourquoi et tu venus me voir?

Mandaraï soulagé que sa protégée aille bien lui sourit et lui répondit:

_Ton père est venu me chercher pour que je t'amènes à la délégation magique, il t'y attend déjà, nous devrions nous dépêcher.

Lelbie interloquée se demanda ce que pouvait bien lui vouloir son père, surtout à la délégation magique. Elle n'y avait jamais mis les pieds et elle était légèrement effrayée par ces mages qui restaient dans l'ombre de ce château. Elle suivit Mandaraï qui se mettait déjà en route. Elle saisit une touffe de poils au niveau de l'épaule de Kalixt et parti pour la délégation magique.

» Lors d'une matinée ensoleillée...