Le cheval, une belle jument à la robe isabelle, était en nage. Pourtant, le soleil se levait à peine, encore tout auréolé de soieries roses.
Elle ralentit peu à peu, pour s'arrêter devant une boutique. L'établissement éclairait toute l'avenue. Le cavalier qui mit promptement pied à terre, une adulte-ange d'âge mûr, grommela quelques mots : "En retard ! Et d'une journée !"
Toute à ses idées, elle ne prit même pas la peine d'attacher l'équidé. Qu'importait, elle n'en avait que pour quelques minutes.
A peine entrée, le parfum des métaux finement travaillés, la poussière de braise dans l'air éveillèrent ses sens émoussés par une longue chevauchée.
Ici, elle se sentait comme chez elle. Elle reconnaissait, elle comprenait. Son choix se porta finalement sur une épée longue et fine, de belle facture. Elle aurait été un peu trop légère pour elle, mais elle ne lui était pas destinée. La femme-ange était envoyée par le roi des Dérivés d'Ange dans cette armurerie à la grande renommée.
Les armes ne sont pas le fort de Ceux qui ont des ailes.
Pour qui devait-elle choisir ? Une jeune femme-ange, qu'elle rencontrerait dans six jours exactement à la porte est de la Cité Principale. Elle devait s'y trouver avec l'épée, le roi l'avait déjà payée - il lui accordait sa confiance. L'argent, en revanche, était celui de la jeune femme-ange. Question de principes et de superstitions. Qui était la cliente ? Ne pas poser de questions.
Elle se permit d'attirer l'attention du vendeur. Celui-ci, avec une mine renfrognée, encaissa l'argent et lui fit signe de partir.
La femme-ange ne se fit pas prier. Cinquante wallas ? C'était un bon prix ; quoiqu'il en soit elle n'aurait pas eu le temps de marchander.
Heureusement, la jument était toujours là. Rapidement, elle se mit en selle, et toutes deux disparurent dans un nuage de poussière et de claquement de sabots.
440 W - 50 W soit 390 W restants